Théâtre élisabéthain, Château D'Hardelot - Une Superbe Vue Depuis Le Cercle

Andrew Todd a passé sa carrière à explorer l’espace théâtral, et sa nouvelle salle de spectacle dans un château français allie principes intemporels et construction moderne

« Si vous racontez une histoire », explique l’architecte Andrew Todd, « les gens auront tendance à former un cercle autour de vous. » C’est une des raisons pour lesquelles le théâtre shakespearien, le O en bois du Globe ou de la Rose, « n’est pas un moment de l’histoire mais un paradigme qui revient sans cesse à l’existence ». L’histoire du théâtre, dit-il, « est celle de l’entrée et de la sortie du cercle ».

Dans le parc d’un château en France, il a eu la chance de mettre ses pensées en pratique. Sur la pelouse du Château d’Hardelot, près de Boulogne-sur-Mer et à quelques encablures de la Manche, un théâtre élisabéthain de 388 places est monté à sa hauteur. Le château, une ruine médiévale transformée en folie de style Tudor par ses propriétaires britanniques du XIXe siècle, est une relique de l’interaction continue entre cette partie de la France et la Grande-Bretagne et sert désormais de centre culturel de l’entente cordiale. Courageusement, ou peut-être à leur insu, et cela s’est avéré poignant, ils ont programmé la première représentation publique de ce geste de solidarité européenne pour le vendredi 24 juin dernier, au lendemain du vote référendaire.

Le matériau est le bois et la forme ronde. L’auditorium est vertical et à galeries, avec une scène poussée au milieu, et derrière elle une mise à jour d’une maison fatigante shakespearienne, la structure à deux étages dont les portes et les balcons permettent les apparitions et les sorties des acteurs. Il réalise l’intimité entre les interprètes et le public de ses anciens modèles. Il n’y a pas de vision de la scène qui n’inclue pas également d’autres spectateurs, ce qui engendre le sentiment que tout le monde y est ensemble. L’acoustique, selon Todd, « se situe sur le fil du rasoir entre la parole intelligible et le son musical mélodieux ». Les acteurs doivent énoncer et projeter, mais ils peuvent le faire sur un ton conversationnel.